Roland Jaccard
Une fille pour l'été
Zulma
Grain de beauté, de folie
Ou de pluie...
Grain d'orage - ou de serein -
Fût-il en tout point excellent, l'homme qui n'aurait pas le goût de la vie amoureuse resterait désolant.
Dictionnaire du parfait cynique
Livre de Poche/essais/biblio n°4138
J'ai en général ceci que, de toutes les opinions que l'ancienneté a eues de l'homme en gros, celles que j'embrasse plus volontiers et auxquelles je m'attache le plus, ce sont celles qui nous méprisent, avilissent et anéantissent le plus.
L'exil intérieur
Puf/Perspectives Critiques, 1975
Dans la meilleure des hypothèses, le monde n'est qu'une vaste collection d'individus s'efforçant de simuler un bonheur qu'ils n'éprouvent pas.
[L'homme de la modernité]
Hélas! Le temps est proche où l'homme ne mettra plus d'étoile au monde. Hélas! le temps est proche du plus méprisable des hommes, qui ne sait plus se mépriser lui-même!
[Résignation et refoulement]
Doute de tout!
[Ce mur entre les corps]
Nous attribuons à la culture et à la bonne éducation une grande influence sur le développement du refoulement et nous admettons que dans ces conditions l'organisation psychique subit une transformation qui se transmet d'ailleurs, parfois léguée sous la forme d'une disposition héréditaire, transformation qui nous rend inacceptable ce que nous ressentions comme agréable et que nous repoussons désormais de toutes les forces de notre psychisme. Le travail du refoulement de la culture annihile en nous des formes primitives de jouissance répudiées à présent par la censure. Le renoncement est cependant terriblement dur à l'âme humaine.
[Stratégie médicale et hypothèse masturbatoire]
Et je rappellerai ici l'essai de Jules Vallès, le violent communard, qui trouvait dans le livre le mobile de la plupart des actions humaines et substituait à l'amusant conseil « cherchez la femme », donné aux historiens et aux psychologues, celui de « cherchez le livre ». L'influence des livres sur les actes individuels et collectifs est, en effet, fabuleuse.
[L'exil intérieur]
Ni les marginalités passives ou actives, ni les contre-sociétés actives ou passives, ni les sectes qui se croient supérieures, ni les pouvoirs et les contestations ne changent rien au destin de l'homme moyen : devenir avec des moyens médiocres le maître de la planète, en tant qu'humanité maîtrisée. L'homme de cette humanité bascule de l'égoïsme individualisé dans l'égoïsme socialisé, c'est-à-dire dans le soi-disant altruisme - car égoïsme et altruisme se ramènent au même mobile - et reste foncièrement médiocre et moyen.
[Processus d'invalidation et antipsychiatrie]
Les fous, le folklore les aime plutôt un peu vifs, le bruit et la fureur, les cris de bête, la violence animale, l'agitation forcenée (...). Convention que tout cela : pour un vociférant vingt muets; pour un agité cent statues.
[Être normal qu'est-ce à dire ?]
La vraie normalité se moque de la normalité.
[Être normal qu'est-ce à dire ?]
À bon et familier adjoignez normal; à mauvais et étranger adjoignez pathologique et vous ne forcerez guère, au moins en ce qui concerne son aspect immédiat et le plus spontané , la signification commune du normal et du pathologique.
[Pour conclure]
Aucun nouveau départ n'est prévisible. La nouveauté suprême consiterait-elle à le reconnaître?
La tentation nihiliste
Quadrige/PUF n°126
Si un homme pouvait écrire un livre sur l'éthique qui fût réellement un livre sur l'éthique, ce livre, comme une explosion, anéantirait tous les autres livres du monde.
[I. Les adultères de la raison]
Continuellement, nous corrigeons et nous nous corrigeons nous-même, sans le moindre ménagement... parce qu'à chaque instant, nous nous apercevons que ce que nous avons accompli (écrit, fait, pensé) a été faux... Mais la correction proprement dite (le suicide), nous le faisons traîner en longueur.
[II. Les idoles du néant]
Quand le pire a été évité, c'est nécessairement faux quelque part.
Un climatiseur en enfer
Editions MiniZoé n°46, 2000
Pardonnez-moi mes paradoxes : il faut en faire quand on réfléchit ; j'aime mieux être homme à paradoxes qu'à préjugés.
Les chemins de la désillusion
Le Livre de poche / biblio essais n°4106, 1989
Tous les chemins mènent au même point : la désillusion.
Notre siècle sera peut-être celui d'une grande confirmation : les hommes ne sont pas faits pour s'aimer.
Le cimetière de la morale
Le Livre de poche / biblio essais n°4250, 1998
Le diable est bien optimiste s'il pense pouvoir rendre les hommes pires qu'ils ne sont.
Topologie du pessimisme
Zulma, 1997
Je méprise les âmes charitables ; ce que j'ai à offrir : dégoût, méfiance, haine.
Il y a quelque chose qui me déplaît au paradis, je ne veux pas y aller; il y a quelque chose qui me déplaît en enfer, je ne veux pas y aller ; il y a quelque chose qui me déplaît dans votre futur âge d'or, je ne veux pas y aller.
L'enquête de Wittgenstein
PUF/Perspectives Critiques, 1998
La philosophie est un produit humain de chaque philosophe, et chaque philosophe est un homme en chair et en os qui s'adresse à d'autres hommes en chair et en os comme lui. Et qu'il fasse ou non comme il le veut, il philosophe non avec la raison seule, mais avec la volonté, avec le sentiment, avec la chair et les os, avec toute l'âme et tout le corps. C'est l'homme qui philosophe.
Miguel de Unamuno
Le sentiment tragique de la vie
Flirt en hiver
Le Livre de Poche / biblio essais n°4215, 1995
Il n'y a que deux manières d'être un bon écrivain (et c'est le seul genre d'écrivain qu'il vaille d'être) : l'une, c'est, comme Homère, Shakespeare et Goethe, d'accepter totalement la vie; l'autre (celle de Pascal, de Proust, de Léopardi, de Baudelaire), de se refuser à jamais en perdre de vue l'horreur.
Tout homme qui, à quarante ans, n'est pas misanthrope, n'a jamais aimé les hommes.