Pascal Quignard
Le salon du Wurtemberg
Gallimard/nrf, 1986
[Chapitre 1]
O du frisst mich ! O du frisst mich ! Du bist der Wolf und willst mich fressen !
(O tu me dévores ! O tu me dévores ! Tu es le loup et tu veux me dévorer !)
[Chapitre 2]
Il y a quatre choses que je sais pas : le chemin de l'aigle dans le ciel, le sentier du serpent sur le rocher, le chemin du navire en haute mer, le sentier du nom d'un homme dans le coeur d'une femme.
[Chapitre 3]
Mon seul don est je ne sais quelle oreille interne dont la nature m'a gratifié pour souffrir.
[Chapitre 4]
Vous ne scruterez pas les rêves.
[Chapitre 5]
Der du von Göttern abstammst, von Goten und vom Kote...
(Toi qui naquis des Dieux, des Goths et de la Boue...)
Herder
Sur le nom de Goethe
[Chapitre 6]
Malheur à l'homme qui se confie en homme ! Malheur à l'homme qui fait d'une chair son appui !
[Chapitre 7]
Mais, quand je parle, ma souffrance demeure, si je me tais, en quoi disparaît-elle?
Les escaliers de Chambord
Gallimard/nrf,1989
[Chapitre 15]
La vie lui est d'un poids énorme
Comme aile d'abeille morte
À la fourmi qui la traîne.
[Chapitre 14]
On se dispute des dépouilles possédées dans des rêves jadis, et cédées à des fantômes.
[Chapitre 13]
À l'origine il y avait si peu d'est et d'ouest qu'il n'y a toujours pas de nord et de sud.
[Chapitre 11]
Nous sommes dans la main des dieux comme des petites mouches qui les nettoient d'une ordure minuscule.
[Chapitre 9]
Le ciel, l'homme, la montagne sont des vers à mouches appliqués à travestir Dieu.
[Chapitre 6]
Quelles singulières créatures sommes-nous, pour commencer par nous saisir de jouets, c'est-à-dire pour accepter de porter nos premiers désirs en un lieu sans espoir?
[Chapitre 5]
Nous nous trouvons jetés dans cet univers monstrueux comme une fourmi au bord d'un talus.
[Chapitre 2]
Ce n'est rien. Ce sont des chauves qui se tuent
Pour l'éclat d'un peigne d'ivoire.
[Chapitre 12]
Pour l'enfant qu'elle a mis au jour,
Une mère a moins de tendresse.
[Chapitre 10]
Languir est le plus beau des mouvements de l'amour. Une lueur nous consume.
[Chapitre 8]
La seule joie qui me captive est celle qui m'a donné naissance.
[Chapitre 7]
Un nom vous précède. Veuillez lui prêter l'oreille.
[Chapitre 4]
Le géant du roi Siuan était capable de briser la cuisse d'une sauterelle de printemps. Un jour il parvint de justesse à porter sur son dos les deux ailes d'une cigale d'automne.
[Chapitre 3]
Que de choses partout! Que de choses inoubliables!
[Chapitre 1]
Naer het leven.
[Chapitre 16]
Le lit sera trop court pour qu'on s'y étende.
La couverture sera trop étroite pour qu'on s'en couvre.
[Chapitre 17]
Certains se nourrissent des parfums des fleurs, de racines et de pommes des bois. D'autres, par le moyen du regard.
D'autres se nourrissent de chaleur. D'autres s'illuminent à force de penser.
[Chapitre 18]
Le hasard seul a-t-il les yeux ouverts sur les mortels?
[Chapitre 19]
Nous ressemblons à ces enfants qui courent après la bulle qu'ils ont soufflée dans l'air.
[Chapitre 20]
Chaque corne de la tête de la limace porte un royaume. Il est possible que l'univers entier soit plus grand que l'oeil droit du moustique anophète.
[Chapitre 21]
L'homme est le seul miroir qu'éclaire la mort.
[Chapitre 22]
Le temps est un petit enfant qui joue aux dés et le destin une toupie de buis qui ronfle sous ses doigts.
[Chapitre 23]
Le nom qu'il faut prononcer n'est pas un nom.
[Chapitre 24]
Car je te cèle en ce surnom louable
Pour ce qu'en moi tu luis la nuit obscure.