Sue Monk Kidd
Le secret des abeilles
trad. Michèle Garène
JC Lattès, 2004
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La reine est la force unificatrice de la communauté; si on la sort de la ruche, les ouvrières sentent très vite son absence. Au bout de quelques heures, voire moins, elles manifestent des signes évidents de privation.
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En quittant l'ancien nid, l'essaim ne parcourt généralement que quelques mètres avant de se poser. Les éclaireuses cherchent un endroit qui convienne à la création de la nouvelle colonie. Finalement, un endroit leur plaît et l'essaim entier s'envole.
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On explique aux apiculteurs débutants que pour avoir une chance de trouver la reine, il faut commencer par localiser sa suite.
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Les abeilles sont des insectes sociaux qui vivent en colonies. Chaque colonie est une unité familiale, renfermant une seule femelle pondeuse ou reine et ses nombreuses filles stériles que l'on appelle les ouvrières. Les ouvrières coopèrent pour rapporter la nourriture, construire le nid et élever la progéniture. On n'élève les mâles qu'aux périodes de l'année où leur présence est requise.
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Imaginons un instant que nous soyons suffisamment minuscules pour suivre une abeille dans une ruche. La première chose à laquelle nous devrions nous habituer, c'est l'obscurité...
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La reine doit produire une substance qui attire les ouvrières et qui ne peut être obtenue que par un contact direct avec elle. Cette substance stimule le travail normal dans la ruche. Ce messager chimique s'appelle la "phéromone royale". Des expériences ont démontré que les abeilles l'obtiennent directement du corps de la reine.
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Comment a-t-on pu assimiler abeilles et sexualité? Elles ne mènent pas une vie dissolue. Une ruche rappelle plus le côître que le bordel.
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Les abeilles dépendent non seulement du contact physique avec la colonie, mais elles ont également besoin de sa compagnie et de son soutien. Isolez une abeille de ses soeurs et elle ne tardera pas à mourir.
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La solidarité de la société des abeilles dépend de la communication - d'une capacité innée d'envoyer et de recevoir des messages, de coder et de décoder des données.
James L. Gould et Carol Grant Gould
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Une abeille a la vie courte. Pendant le printemps et l'été - les périodes de butinage les plus rudes - une ouvrière, en règle générale, ne vit pas plus de quatre à cinq semaines... Menacées par toute sorte de dangers pendant leurs expéditions à l'extérieur de la ruche, de nombreuses ouvrières meurent avant même d'avoir atteint cet âge.
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Les abeilles sont obligées d'effectuer dix millions de voyages afin de rapporter suffisamment de nectar pour faire une livre de miel.
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Si la reine était plus intelligente, elle serait probablement désespérément névrosée. En l'état, elle est timide et ombrageuse, probablement parce qu'elle ne quitte jamais la ruche, mais passes ses journées confinée dans l'obscurité, une sorte de nuit éternelle, perpétuellement en travail... Son véritable rôle est moins celui d'une reine que celui de mère de la ruche, un titre qu'on lui accorde souvent. Et pourtant, cela tient du simulacre, parce qu'elle ne possède ni l'insticnt maternel ni la capacité de s'occuper de ses petits.
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Une ouvrière mesure juste un peu plus d'un centimètre et ne pèse qu'environ soixante milligrammes; pourtant, elle est capable de voler avec une charge plus lourde qu'elle-même.
James L. Gould et Carol Grant Gould
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Une colonie sans reine est une communauté pathétique et mélancolique; une plainte ou des lamentations en jaillissent parfois... Sans intervention, la colonie mourra. Mais introduisez une nouvelle reine et le changement le plus extravagant se produira.