Alfred de Vigny
Cinq-Mars
Seuil, (in Œuvres complètes, 1965)
Le Roi était facilement le chef de cette conjuration. Le grand-écuyer Cinq-Mars en était l'âme; le nom dont on se servait était celui du duc d'Orléans, frère unique du Roi, et leur conseil était le duc de Bouillon... La Reine sut l'entreprise et les noms des conjurés...
Mme de Motteville
Mémoires sur Anne d'Autriche
Qui trompe-t-on donc ici?
[I. Les Adieux]
Fare thee well, and if for ever,
Still for ever fare thee well.
Adieu! et si c'est pour toujours, pour toujours encore adieu...
[II. La Rue]
Je m'avançais d'un pas pénible et mal assuré vers le but de ce convoi tragique.
[III. Le Bon prêtre]
L'homme de paix me parla ainsi.
[IV. Le Procès]
Oh ! vendetta di Dio, quanto tu dei
Esser temuta da ciascun che legge
Cio, che fu manifesto agli occhi miei.
O vengeance de Dieu, combien tu dois être redoutable à quiconque va lire ceci, qui se manifesta sous mes yeux!
[Le Martyre]
La torture interroge et la douleur répond.
[VI. Le songe]
Le bien de la fortune est un bien périssable.
Quand on bastit sur elle on bastit sur le sable;
Plus on est eslevé, plus on court de dangers.
Les grands pins sont en butte aux coups de la tempête.
[VI. Le songe]
Les vergers, languissants, altérés de chaleurs,
Balancent des rameaux dépourvus de feuillage,
Il semble que l'hiver ne quitte pas les cieux.
[Le Cabinet]
Les hommes ont rarement le courage d'être tout à fait bons ou tout à fait mauvais.
[VIII. L'Entrevue]
Mon génie étonné tremble devant le sien.
[IX. Le Siège]
Il papa alzato le mani e fattomi un patente, crocione sopra la mia figura, mi disse, che mi benediva e che mi perdonava tutti gli omicidii che io avevao mai fatti, e tutti quelli che mai to farei in servizio della Chiesa apostolica.
Le pape, ayant levé les mains et m'ayant fait sur le visage un large signe de croix, me dit qu'il me bénissait et qu'il me pardonnait tous les homicides que j'avais déjà commis et tous ceux que je commettrais au service de l'Église apostolique.
[X. Les Récompenses]
La Mort:
Ah ! comme du butin ces guerriers trop jaloux
Courent bride abattue au-devant de mes coups!
Agitez tous leurs sens d'une rage insensée.
Tambour, fifre, trompette, ôtez-leur la pensée.
N. Lemercier
Panhypocrisiade
[XI. Les Méprises]
Quand vint le tour de saint Guilin,
Il jeta trois dés sur la table.
Ensuite il regarda le diable
Et lui dit d'un air très malin:
Jouons donc cette vieille femme!
Qui de nous deux aura son âme!
[XII. La Veillée]
O coward conscience, how dost thou afflict me!
- The lights burn blue. - It is now dead midnight,
Cold fearful drops stand on my trembling flesh.
- What do I fear? myself?...
- I love myself!...
O conscience couarde, comme tu m'affliges! Les lumères brûlent, bleues. Maintenant, il est minuit sonné. Des gouttes de sueur froide, sous l'effet de la peur, perlent sur ma chair tremblante. De quoi ai-je peur? De moi-même? Je m'aime moi-même.
[XIII. L'Espagnol]
Qu'un ami véritable est une douce chose!
Il cherche vos besoins au fond de votre coeur,
Il vous épargne la pudeur
De les lui découvrir vous-même.
[XIV. L'Émeute]
Le danger, Sire, est pressant et universel, et au-delà de tous les calculs de la prudence humaine.
[XV. L'Alcove]
Les Reines ont été vues pleurant comme de simples femmes.
[XV. L'Alcove]
Qu'il est doux d'être belle, alors qu'on est aimée.
[XVI. La Confusion]
Il faut, en France, beaucoup de fermeté et une grande étendue d'esprit pour se passer des charges et des emplois, et consentir ainsi à demeurer chez soi à ne rien faire. Personne, presque, n'a assez de mérite pour jouer ce rôle avec dignité, ni assez de fonds pour remplir le vide du temps, sans ce que le vulgaire appelle les affaires.
Il ne manque cependant à l'oisiveté du sage qu'un meilleur nom, et que méditer, parler, lire et être tranquille, s'appelât travailler.
[XVII. La Toilette]
Nous allons chercher, comme dans les abîmes, les anciennes prérogatives de cette noblesse qui, depuis onze siècles, est couverte de poussière, de sang et de sueur.
[XVIII. Le Secret]
Et prononcés ensemble, à l'amitié fidèle
Nos deux noms fraternels serviront de modèle.
[XIX. La Partie de Chasse]
On a bien des grâces à rendre à son étoile quand on peut quitter les hommes sans être obligé de leur faire du mal et de se déclarer leur ennemi.
[XX. La Lecture]
Les circonstances dévoilent pour ainsi dire la royauté du génie, dernière ressource des peuples éteints. Les grands écrivains.. ces rois qui n'en ont pas le nom, mais qui règnent véritablement par la force du caractère et la grandeur des pensées, sont élus par les événements auxquels ils doivent commander. Sans ancêtres et sans postérité, seuls de leur race, leur mission remplie, ils disparaissent en laissant à l'avenir des ordres qu'il exécutera fidèlement.
[XXI. Le Confessionnal]
C'est pour vous, beauté fatale, que je viens dans ce lieu terrible!
[XXII. L'Orage]
Blow, blow, thou winter wind,
Thou art not so unkind
As man's ingratitude;
Thy tooth is not so keen,
Because thou art not seen
Altho' thy breath be rude.
Heigh-ho! sing, heigh-ho! unto the green holly:
Most friendship is feigning; most loving mere folly.
Souffle, souffle, vent d'hiver
Tu n'es pas si cruel
Que l'ingratitude de l'homme;
Ta dent n'est pas si pénétrante,
Car tu es invisible,
Quoique ton souffle soit rude.
Hé, ho, hé! chante; hé, ho, hé! dans le houx vert:
La plupart des amis sont faux, les amants fous.
[XXIII. L'Absence]
L'absence est le plus grand des maux;
Non pas pour vous, cruelle!
[XXIV. Le Travail]
Peu d'espérance doivent avoir les pauvres et menues gens au fait de ce monde, puisque si grand Roy y a tant souffert et tant travaillé.
[XXV. Les Prisonniers]
J'ai trouvé dans mon coeur le dessein de mon frère.
[XXV. Les Prisonniers]
Mourir! sans vider mon carquois,
Sans percer, sans fouler, sans pétrir dans leur fange
Ces bourreaux barbouilleurs de lois!
[XXVI. La Fête]
Mon Dieu! qu'est-ce que ce monde?
Dernières paroles de M. de Cinq-Mars
Souvenirs de servitude militaire
Seuil (in Œuvres complètes, 1965)
Ave, Caesar, morituri te salutant.
Salut, César, ceux qui vont mourir te saluent.
Stello
Seuil (in Œuvres complètes, 1965)
L'analyse est une sonde. Jetée profondément dans l'Océan elle épouvante et désespère le Faible; mais elle rassure et conduit le Fort qui la tient fermement en main.
L'Alméh
Seuil (in Œuvres complètes, 1965)
[Une tente arabe]
Ze djoubish morgh we mahy aramideh
Tihawaditz pay derdamen xechidèh.
Tous les êtres créés jouissaient d'un sommeil paisible, et le malheur lui-même était endormi.
Djami
Poète persan, Amours de Zuleïka
[2. Un palais désert]
Au nom de Dieu, clément et miséricordieux. O infidèles idolâtres! je n'adore pas ce que vous adorez, et vous n'adorez pas ce que j'adore.
Al-Koran, chap. des Infidèles, écrit à la Mecque.
[3. Une lettre]
Souvenez-vous de cette journée: la peur vous faisait trouver la terre pour fuir, et vous avez tourné le dos comme vaincus.
Al-Koran, chap. La Conversion.
[4. Les néophytes]
Les uns s'en moquèrent, les autres dirent : « Nous vous entendrons une autre fois sur ce point. »
Le More de Venise, Othello
Seuil (in Œuvres complètes, 1965)
[Avant-propos]
Come high or low !
Viens haut ou bas !
[Avant-propos]
Je voudrais bien savoir si la grande règle n'est pas de plaire! Laissons-nous aller de bonne foi aux choses qui nous prennent par les entrailles, et ne cherchons point de raisonnements pour nous empêcher d'avoir du plaisir.
Poèmes antiques et modernes
Seuil (in Œuvres complètes, 1965)
[Moïse]
[Livre mystique]
Le souffle de Dieu dans l'homme est une lampe dévorante.
Proverbes, 20, 27 (Épigraphe supprimée à partir de 1829)
[Éloa ou la Soeur des Anges]
[Livre mystique]
C'est le serpent, dit-elle, je l'ai écouté, et il m'a trompé.
[Le Déluge]
[Livre mystique]
Serait-il dit que vous fassiez mourir le Juste avec le méchant?
Livre antique : Antiquité biblique
Seuil (in Œuvres complètes, 1965)
[La Fille de Jephté]
Et de là vient la coutume qui s'est toujours observée depuis en Israël,
Que toutes les filles d'Israël s'assemblent une fois l'année, pour pleurer la fille de Jephté de Galaad pendant quatre jours.
[La Femme adultère]
L'adultère attend le soir et se dit : Aucun oeil ne me verra; et il se cache le visage, car la lumière est pour lui comme la mort.
Livre antique : Antiquité Homérique
Seuil (in Œuvres complètes, 1965)
[Le Somnambule]
Voyez, en esprit, ces blessures : l'esprit, quand on dort, a des yeux, et quand on veille, il est aveugle.
[La Dryade]
Honorons d'abord la Terre, qui, la première entre les Dieux, rendit ici les oracles...
J'adore aussi les nymphes...
Livre Moderne
Seuil (in Œuvres complètes, 1965)
[Dolorida]
Yo amo mas a tu amor que a tu vida.
(J'aime mieux ton amour que ta vie.)
[Madame de Soubise (Poème)]
Le 24 du mesme mois d'exploita l'exécution tant souhaitée, qui delivra la chrestienté d'un nombre de pestes, au moyen desquelles le diable se faisoit fort de la destruire, attendu que deux ou trois qui en reschappèrent font encore tant de mal. Ce jour apporta merveilleux allegement et soulas à l'Église.
Le Frère de Laval
La vraye et entière histoire des troubles
Les Destinées
Seuil (in Œuvres complètes, 1965)
C'était écrit.
Héléna
Seuil (in Œuvres complètes, 1965)
[L'autel]
Ils ont, Seigneur, affligé votre peuple, ils ont opprimé votre héritage.
Ils ont mis à mort la veuve et l'étranger, ils ont tué les orphelins.
[Le Navire]
O terre de Cécrops, terre où règnent un souffle divin et des génies amis des hommes!
Chateaubriand
Les Martyrs
[L'Urne]
Cette urne que je tiens contient-elle sa cendre?
O vous, à ma douleur objet terrible et tendre,
Éternel entretien de haine et de pitié!