René Maltête
Cent poèmes pour l'écologie
Le cherche midi éditeur
Aux antiquaires, les arbres !
À la fourrière, les animaux !
À la glacière, les oiseaux !
[Chapitre I : Autrefois]
La nature est tout entière ordre et toute entière miracle, et c'est l'ordre qui est miracle.
[Chapitre I : Autrefois]
Un chêne que l'on abat en vingt secondes met un siècle à pousser et une vache qui nourrit le monde ne fera toujours que trois kilomètres à l'heure.
[Chapitre I : Autrefois]
J'ai 85 lilas défleuris sur ma tête...
[Chapitre I : Autrefois]
On a calculé que les fêtes de Noël provoquent chaque année la mort de dix mille fois plus de jeunes sapins en bonne santé que ne le font tous les incendies de forêt du mois d'août.
[Chapitre I : Autrefois]
Je fais don de moi-même à la boue pour grandir avec l'herbe amoureuse.
Cherchez-moi sous vos semelles si vous voulez me retrouver.
[Chapitre I : Autrefois]
On ne construit pas à contre-nature.
[Chapitre I : Autrefois]
Plus il y a dans un état, de machines pour soulager l'industrie de l'homme, plus il y a d'hommes qui ne sont que des machines.
[Chapitre I : Autrefois]
La forêt précède les peuples ; le désert les suit.
[Chapitre I : Autrefois]
La citrouille n'a pas besoin d'être transformée en carrosse pour devenir admirable : il suffit de la regarder d'un oeil neuf.
[Chapitre I : Autrefois]
Vivre en familiarité avec la nature nous rend, à notre insu, très différent des autres. Son tacite langage nous pénètre, nous imprègne, et doucement nous persuade de l'insuffisance de tout vocable humain.
[Chapitre I : Autrefois]
La désintégration atomique est en train de faire de l'homme un fossile de demain.
[Chapitre II : Avant-hier]
Une humble fleur est le labeur des siècles.
[Chapitre II : Avant-hier]
Admirons la sagesse de ceux qui rêvent d'habiter la lune après avoir rendu la terre inhabitable.
[Chapitre II : Avant-hier]
Je vous ai donné toute herbe, verbe qui se transformera en semence.
[Chapitre II : Avant-hier]
C'est une triste chose de penser que la nature parle et que le genre humain n'écoute pas.
[Chapitre II : Avant-hier]
Et nous fîmes avec l'eau des êtres vivants.
[Chapitre II : Avant-hier]
La santé de l'homme est le reflet de la santé de la terre
[Chapitre II : Avant-hier]
L'homme est supérieur à l'animal comme homme - mais non comme animal
[Chapitre II : Avant-hier]
Ne nous flattons pas trop de nos victoires sur la nature ; elle se venge de chacune d'elles.
[Chapitre II : Avant-hier]
L'aubépine en fleur fut mon premier alphabet.
[Chapitre II : Avant-hier]
J'attends un fleuve salutaire
Pour nettoyer toute la terre.
[Chapitre II : Avant-hier]
L'homme appartient à la terre mais la terre n'appartient pas à l'homme.
[Chapitre II : Avant-hier]
Tous les fleuves entrent dans la mer, et la mer n'en regorge point.
[Chapitre II : Avant-hier]
Où ils ont fait un désert, ils disent qu'ils ont donné la paix.
[Chapitre II : Avant-hier]
Nous entrons dans l'avenir à reculons.
[Chapitre II : Avant-hier]
C'est pour tout comprendre mais ne s'emparer de rien qu'est venu en ce monde le poète.
[Chapitre II : Avant-hier]
Nous nous détruisons en détruisant la planète, nous nous réalisons en la respectant... L'univers nous contient autant que nous le contenons, la coupure est un leurre qui engendre tous les massacres.
[Chapitre II : Avant-hier]
J'avance que la vue d'une modeste graine dans sa gousse mettrait en déroute le savoir de tous les temps.
[Chapitre 3 : Hier]
Pouvoir marcher, sans tromper l'oiseau, du coeur de l'arbre à l'extase du fruit.
[Chapitre 3 : Hier]
Celui qui cueille une fleur dérange une étoile.
[Chapitre 3 : Hier]
La terre est une quenouille que filent lune et soleil
[Chapitre 3 : Hier]
Le plus timide bourgeon est la preuve qu'il n'y a pas de mort réelle.
[Chapitre 3 : Hier]
L'homme qui aime le gibier faisandé, traite les vautours de mangeurs de charognes.
[Chapitre 3 : Hier]
Le progrès fait les routes droites, mais celles qui se recourbent, sans progrès, sont les routes du génie.
[Chapitre 3 : Hier]
Ne permettons pas qu'on nous enlève la part de nature que nous renfermons. N'en perdons pas une étamine, n'en cédons pas un gravier d'eau.
[Chapitre 3 : Hier]
Rien n'est moins vierge qu'une forêt.
[Chapitre 3 : Hier]
Progrès dont on demande : "Où va-t-il ? Que veut-il ?"
Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l'homme !
[Chapitre 3 : Hier]
Une herbe simple m'intimide.
[Chapitre 3 : Hier]
Je n'aime pas la nature parce qu'on en voit partout.
[Chapitre 3 : Hier]
Vieil océan, ô grand célibataire...
[Chapitre 3 : Hier]
La mer pesante, ardente et libre
Qui tient la terre en équilibre.
[Chapitre 3 : Hier]
Coups de vent sur la côte bretonne où de forts pétroliers sont à craindre.
[Chapitre 3 : Hier]
Savoir, c'est comprendre comme la moindre chose est liée au tout.
[Chapitre 3 : Hier]
Dieu ayant inventé l'oiseau
l'homme inventa la cage.
[Chapitre 3 : Hier]
C'est un immense problème que de savoir si l'homme pourra, indéfiniment, s'adapter à ce qu'il ajoute.
[Chapitre IV : Aujourd'hui et demain]
Le rossignol déployant ses merveilles
Jusqu'aux rochers donnera des oreilles.
[Chapitre IV : Aujourd'hui et demain]
Cette existence que je construis n'est qu'un serpent qui ondule dans l'unité vitale
[Chapitre IV : Aujourd'hui et demain]
Homo sapiens demens
[Chapitre IV : Aujourd'hui et demain]
Bientôt, le cheval sera sur la terre quelque chose d'aussi étrange que la girafe
[Chapitre IV : Aujourd'hui et demain]
Je vois pas un ramier
J'entends pas un renard.
[Chapitre IV : Aujourd'hui et demain]
L'homme de l'espace dont c'est le jour natal sera un milliard de fois moins lumineux et révélera un milliard de fois moins de choses cachées que l'homme granité, reclus et recouché de Lascaux, au dur membre débourbé de la mort.
[Chapitre IV : Aujourd'hui et demain]
Nous n'avons pas hérité de la terre de nos ancêtres, nous l'avons empruntée à nos enfants.
Sagesse des Indiens d'Amérique
[Chapitre IV : Aujourd'hui et demain]
La nature n'est rien, si ce n'est qu'elle fait s'exprimer l'homme et qu'elle le reflète.
[Chapitre IV : Aujourd'hui et demain]
Le plaisir de goûter la nature est l'un des seuls auxquels nous nous sentions toujours avoir droit.
[Chapitre IV : Aujourd'hui et demain]
... Une fleur invente la perfection du monde.
[Chapitre IV : Aujourd'hui et demain]
Quand l'homme ne tue pas l'homme, il tue ce qu'il peut, c'est-à-dire ce qui l'entoure. L'homme sort de son cadre, veut prendre la place des forêts et des animaux, souille les rivières, pollue l'air, se multiplie sans raison, se bâtit un enfer et s'étonne ensuite naïvement de n'y pouvoir vivre.
[Chapitre IV : Aujourd'hui et demain]
Quand la nature aura passé, l'homme la suivra.
[Chapitre IV : Aujourd'hui et demain]
Les lobbies industriels ont mis l'eau courante au garde à vous
[Chapitre IV : Aujourd'hui et demain]
Lad naturen leve, den lever du af (Laisse vivre la nature, tu vis bien d'elle).
Rassemblement des Verts, Copenhague, 1986
[Chapitre IV : Aujourd'hui et demain]
Terre, ma chair profonde quoi qu'il en soit.
[Chapitre IV : Aujourd'hui et demain]
J'ai vénéré la terre pour comprendre le ciel
et grâce aux vers luisants j'ai connu les étoiles...
[Chapitre IV : Aujourd'hui et demain]
Il n'est plus question que le berger soit guide. Ainsi en décide le politique, ce nouveau fermier général.
Cent poèmes pour la paix
Le cherche midi éditeur, 1987
Qui ne s'élève contre toutes les guerres ne s'élèvera jamais contre aucune.