Claude Roy
Nous
Folio n°1247
Seuls les hommes capables de vraiment se dire entre eux Tu sont capables de dire Nous avec les autres.
Ni l'essai historique, ni la littérature d'imagination ne peuvent remplir la tâche d'enregistrer les mutations cellulaires de l'histoire au sein de la vie privée. Reste l'autobiographie explicite, pour pouvoir exécuter cela.
Comme quelqu'un qui cherche en tenant une lampe.
... Le tout est de tout dire
Je veux montrer la foule et chaque homme en détail
Avec ce qui l'anime et qui le désespère
Et sous ses saisons d'homme tout ce qu'il éclaire
Son espoir et son sang son histoire et sa peine.
La fleur du temps
Folio n°2388
La fleur du temps se fane avec le temps.
Le malheur d'aimer
Folio n°580
Rien ne vaut le malheur d'aimer.
Pour se justifier de la faiblesse et du malheur d'aimer, Lucien se disait qu'il n'avait jamais rencontré une physionomie aussi céleste.
Les rencontres des jours
Folio n°2878
« Les rencontres des jours ont rafraîchi ma vie. » C'est la réponse que fil le sage Kirman à son disciple qui lui demandait le secret de sa constante verdeur. Depuis soixante-dix-sept ans, il méditait son Traité de l'infinité de Dieu. « J'ai contemplé la sagesse divine et salué Celui qui est le Salut, pousuivit Kirman. Mais j'ai su aussi prendre plaisir à respirer le parfum des violettes de Deïlam, à sourire aux jeunes filles de Chiraz, à me désaltérer aux quartains des ghazals de Hafiz, à me réjouir d'une idée qui m'est venue en observant la brillance de joyaux de la nuit, à lire avec bonheur un livre plein de lumière. Et chaque soir je rends grâce à Dieu, qui m'a fait don de mille rencontres des jours. »
Ubayd-I Zakami
1300-1371 Diwan des hommes remarquables.
Léone et les siens
Livre de Poche n°2883
We learned to appreciate an interesting failure as distinguished from an insignifiant success.
Nous avons appris à apprécier un échec intéressant, et à le distinguer d'une réussite insignifiante.
Moi je
Folio n°1066
Tout un monde de préjugés inavouables gravite (...) dès qu'on observe à un fort grossissement une minute de souffrance. Il est fait de bulles troubles, déformantes qui se lèvent à toute heure du fond marécageux, de l'inconscient de l'individu. La transformation sociale ne sera vraiment effective et complète que le jour où l'on en aura fini avec ces germes corrupteurs. On n'en finira avec eux qu'en acceptant, pour pouvoir l'intégrer à celle de l'être collectif, de réhabiliter l'étude du moi.
André Breton
Les Vases communicants
L'homme vrai n'a plus de moi, car il a relié toutes les parties en un.
Toute communication directe est devenue abstraite. Aucun, aucun homme n'ose s'intituler « je ».
Mais comme toute communication de la vérité a pour condition première et absolue la personnalité, et puisque « la vérité » ne peut être servie par la ventriloquie, il s'agit de remettre la personnalité en honneur, et de dire « je » au sens le plus strict du terme.
On fait mention d'une personne (pudgala) comme existant seulement en tant que désignation (pragnapati) c'est-à-dire que conventionnellement il y a un être, mais pas en tant que réalité ou substance (dravya). Tous les Dhamma, toutes les choses sans exception sont sans Soi. Une fois qu'on sait cela par la sagesse, on est dégoûté de la souffrance. Ceci est le sentier de la pureté.
[Chap. XXI : J'ai à parler, c'est vague]
Je n'ai rien à faire, c'est-à-dire rien de particulier. J'ai à parler, c'est vague. J'ai à parler, n'ayant rien à dire, rien que les paroles des autres.
[Chap. XXIX : Aragon en l'an quarante]
Et si ce n'est Merlin qui s'est pris à son piège...