Hubert Monteilhet
De plume et d'épée
Éditions de Fallois, Le Livre de Poche n°15003
Rien dans toute l'histoire qu'on puisse comparer à la guerre de Trente Ans. C'est la plus laide qui ait souillé ce globe. Quoi? Est-ce que les armées mercenaires [...] n'avaient pas montré ici-bas tout ce qu'on peut imaginer d'horreurs? Oui! Mais l'originalité de la guerre de Trente Ans, c'est d'être un long calcul, d'être très préparée par une éducation, un art de faire des monstres. Dès la Saint-Barthélemy, «coup d'État incomplet», on y avait travaillé ardemment et patiemment. S'emparant peu à peu des mères et des enfants, on arriva à faire des êtres spéciaux sans coeur ni tête, des automates destructeurs, admirables machines de mort. [...] De là, tant qu'on voulut, on eut, au second âge, des exécuteurs, des tueurs. Au troisième âge, on eut des produits inouïs en histoire naturelle, un engendrement effroyable de pourritures sanglantes, impossibles à nommer...
L'excès de ces maux, venu à un tel degré, décourage. Les coeurs sont contractés, l'esprit même est affaibli devant de tels spectacle.
Tous les politiques sont d'accord que si les peuples étaient trop à l'aise, il serait impossible de les contenir dans les règles de leur devoir. [...] S'ils étaient libres de tribut, ils penseraient l'être de l'obéissance. Il faut les comparer aux mulets qui, étant accoutumés à la charge, se gâtent par un long repos plus que par le travail.
Homme d'Église sans vocation, il sera cependant toute sa vie un prêtre irréprochable.
Article «Richelieu» -- Grand Larousse Universel